mardi 17 juin 2008

Assemblée générale chez SIDOR

Il nous a fallu de la patience pour notre rendez-vous à Sidor, entreprise sidérurgique dans la province de Guyana. Mais l'attente en vallait la peine. Le mardi matin à 8h nous arrivons à la porte 3. Quelques 500 ouvriers écoutent les interventions de leurs délégués du haut d'un podium improvisé, avec une petite sono. Le syndicat organise une assemblée du personnel pour défendre ses réalisations en vue des prochaines élections syndicales.

Avant de prendre la parole, le président de la délégation, Jose Antonio Rodriguez, annonce: « Il y a ici 3 syndicalistes belges qui viennent pour apprendre de notre lutte. Je leur laisse la parole. » Je n'ai jamais parlé devant autant de travailleurs en français, mais il est impossible de refuser cette invitation. Je monte sur la scène et prend la parole avec le meilleur de mon espagnol: «Chers amis, nous avons entendu parler en Belgique de votre lutte et de la nationalisation de Sidor. Nous sommes venus au Venezuela pour connaître les changements que votre société connaît actuellement. La solidarité international est une valeur importante entre travailleurs et nous allons faire connaître votre expérience dans notre pays. »

Ensuite le tour à Antoine. « La lutte des travailleurs de Sidor pour leurs droits est d'une grande importance pour les travailleurs de Belgique, même du monde entier. »





Après l'assemblée nous retrouvons enfin le président de la délégation avec ses délégués au local syndical de l'entreprise.

Quelle est l'importance l'entreprise Sidor?

Le site de l'entreprise Ternium-Sidor regroupe 13 000 travailleurs sur 2 883 hectares.
Sidor emploie aujourd'hui 5.200 travailleurs en contrat fixe. Ensuite il y a 1.300 contractuels avec un contrat temporaire, qui travaillent entre autre dans l'administration. Quelques 6.500 travailleurs sont actifs chez les sous-traitants. Nous produisons pour l'intérieur, mais aussi pour l'Argentine, la Chine, l'Iran, le Mexique, la Costa Rico, etc. Chaque année 450 millions de tonnes d'acier sortent de cette entreprise.



Quels sont les organisations syndicales et quel est leur importance?

Chez Sidor il existe depuis toujours une seule organisation syndicale, le SUTISS (Sindicato Unico de los Trabajores de la Industria Siderurgica y Similare). Depuis quelques années il y a plus d'ouverture et nous travaillons avec quatre tendances différentes. Presque tous les travailleurs sont affiliés.

Pourquoi le président Chavez a décidé de nationaliser l'entreprise?

Au début des années '90, l'entreprise a été privatisée, tout comme beaucoup d'autres entreprises importantes du pays. Depuis lors, nous sommes dirigés par une direction inspirée par le capitalisme sauvage. Les bénéfices partaient dans les poches de l'entrepreneur italo-argentin, les droit syndicaux n'étaient pas respectés et les conditions de travail se détérioraient constamment. En 10 ans, il y a eu 1.000 accidents, dont 800 mutilations et 18 morts au travail. Dans cette période nous avons connu 3 grèves générales de 23, 21 et 17 jours. Il y a encore eu plus de 1.000 autres petits arrêts de travail.

Depuis le début de 2008 nous avons connu une lutte très dur qui se polarisait autour de la nouvelle convention collective. Il y a eu des marches dans la rue et des arrêts de travail. Nous avons fait appel au ministre du travail pour intervenir dans le conflit, mais il niait les revendications des travailleurs. Nous n'avons rien contre les entreprises étrangères, mais elles doivent respecter les lois de notre pays. Le 14 mars 2008 c'est tenue une marche sur l'avenue principale devant l'entreprise. A ce moment, le gouverneur de l'état de Guyana fait appel à la garde nationale. Elle intervient avec une violence incroyable: 57 voitures des travailleurs sont endommagés, des travailleurs sont blessés par de balles en caoutchoux, des travailleurs et syndicalistes sont arrêtés. c'est la consternation.

Une délégation de membres de l'assemblée nationale viennent sur place pour enquêter sur les événements. C'est alors que Chavez a pris le conflit en main. Le 12 mai le président est venu signer la convention de la nationalisation.

Comment ressentez-vous la différence depuis ce jour là?

Nous avons finalisé en quelques semaines la convention collective de travail. Celle pour laquelle nous nous étions tant battu. Nous principales revendications ont enfin été rencontrées. Le 15 juin, les 1300 temporaires sont intégrés dans l'entreprise avec un contrat fixe. Les travailleurs ont reçu une augmentation salariales. Les bénéfices de l'entreprise vont donc garantir un salaire minimum à tous les travailleurs. Dans les augmentations salariales on applique le principe: un même travail mérite le même salaire.

Pendant la privatisation, tous les activités connexes ont été externalisées. Nous voulions éliminer la sous-traitance. Dans la nouvelle convention collective une étude est prévu pour l'intégration progressive des travailleurs de la sous-traitance.

Quel est l'accord avec la société Ternium (argentine)?

Pour le moment il y a des négociation en cours entre l'entreprise et le gouvernement. Le gouvernement a fait une proposition de prix de reprise de la société. Si Ternium ne donne pas son accord avant le 30 juin, l'entreprise tombe sous la nouvelle loi constitutionnelle de l'expropriation.

Quelle est le rôle des travailleurs de Sidor dans la révolution bolivarienne?

Les sidérurgistes de Sidor ont toujours été solidaires des autres travailleurs. nous avons participé aux manifestations des mineurs, des enseignants. Lorsque les patrons du pétrole ont lancé une grève pour paralyser le pays, ils ont aussi bloqué l'approvisionnement en gaz à Sidor. Nous sommes allés nous-mêmes remettre le terminal en route. Quand l'opposition à tenté un coup d'état contre le président Chavez en 2003, nous sommes allés dans la rue à Puerto Ordaz ensemble avec les travailleurs d'autres entreprises pour défendre la révolution.

3 commentaires:

Stef a dit…

Antoine, ik hoop dat die werknemers goed geluisterd hebben naar jou :-)
groetjes,
stefanie

Jef Heyvaerts a dit…

Magnifique! Bonne expérience et bon exemple de la solidarité internationale! Bonne continuation!

Anonyme a dit…

Futur permanent syndical mister Antoine?! lol