dimanche 20 juillet 2008

Objectif Chopicalqui (par Jean-Luc et Sebbe)

A propos des montagnes de la Cordillère Blanche, le rédacteur du dernier topo écrit : « Chopicalqui is one of the highest, most beautiful peaks – probably my favorite to climb ».

Dans notre petit groupe de grimpeurs désormais au nombre de 5 (Chantal, Greg, Markus, Sebbe et Jean-Luc), les discussions vont bon train. Sommes-nous déjà assez acclimatés pour entreprendre l' ascension du Chopicalqui (6354m) ou bien vaut-il mieux « mas tranquilos » gravir d'abord le Pisco avant de se lancer à l' assaut du Chopicalqui, en quelque sorte le but final de notre voyage 'andin' (du moins sous son aspect sportif)? Les plus patients et prudents finissent par se rallier à l'avis des plus impatients. Mais d'autres questions se posent : va-t-on prendre ou non des porteurs jusqu'au camp d' altitude (5600m)? On décide de prendre un porteur jusqu'au camp moraine (4800m) et Chantal prend un porteur jusqu'au camp d 'altitude (pour ne pas porter un sac qui ferait presque la moitié de son poids).

La course se divise en plusieurs étapes.

- Camp de base à 4200m

- Camp moraine à 4800m

- Camp d' altitude à 5600m

- Sommet Chopicalqui à 6354m

Samedi

On décide d'aller tout de suite au camp moraine. Sebbe semble avoir quelques problèmes avec la respiration. Nous chargeons la camionette de nos sacs et passons aux urgences de l'hôpital de Caraz avant de partir. 97% d'oxygène dans le sang, un coeur qui fait 46 tours par minute. Une santé comme Eddy Merckx en son temps donc, qui devrait lui permettre de courir sur le sommet.

La camionette nous amène sur le chemin vers le lac Llanganuco. Un magnifique lac de montagne qui reçoit de nombreux touristes péruviens et étrangers. Nous débarquons après deux heures de route sur un sentier dans une épingle de la route.





Déjà les sacs font sentir leur poids. Nos montons le long d'une moraine raide qui longe un glacier couverts de pierres. Ici, les glaciers du Huascaran et du Chopicalqui se rencontrait dans le passé. Nous arrivons dans l'après-midi et, à peine les tentes montées, il commence à neiger – de quoi fournir un peu d'eau. Nous avons autour de nous les sommets les plus prestigieux de la cordillère. Et note objectif se trouve tout juste sur notre droite.






Dimanche

Le soleil se fait attendre sur le camp et nous partons seulement vers 10 heures.





Dure journée que de monter de 4800m à 5600m avec des sacs de +- 20 kg, quelques passages sur glacier assez raides, parcours sinueux et ponts de neige impressionnants.















A ce camp d'altitude (5600m), 'esta muy fria' (il fait très froid) comme dit Floriano, le porteur de Chantal. Aussi nous nous réfugions rapidement dans nos tentes. Gregory a quelques maux d'estomac. Ici notre activité principal consiste à faire fondre la neige pour préparer nos repas hyophilisés et pour remplir nos thermos de thé pour le lendemain.




D'après nos renseignements (Alberto de Pony's Expeditions), nous sommes parmi les premiers à tenter le Chopi cette année, car la neige n'était pas jusqu' ici suffisamment en condition. Nous sommes la seule cordée autonome. Nos voisins au camp sont deux américains et un français avec leur guide.

Malgré son altitude, le Chopicalqui est en effet souvent exposé à des courants chauds venant d'Amazonie qui rendent la neige plus instable (selon les explications d' Alberto). Le 'esta muy fria' est nécessaire pour que la neige soit suffisamment dure et qu'on puisse y ancrer piolet et crampons.


Lundi


Pourquoi se lever à minuit et demi (départ vers 1h 30) pour tenter l' ascension du Chopicalqui et faire ainsi la majeure partie de l' ascension à la frontale, dans la nuit et le froid? Parce que, au vu des jours précédents, la météo ne nous laisse pas vraiment le choix. Nous ne sommes pas du tout certains d'avoir du beau temps et un ciel limpide. Le risque est que les nuages s' accrochent à la montagne, que le brouillard s'installe et que l'itinéraire devienne difficile à trouver.


Nous partons donc très tôt. Dès le départ, le vent assez fort augmente la sensation de froid. (pour info, une température de – 7 degrés et un vent de 72 km/h donne une sensation de froid égale à – 40 degrés sans vent). Sous la veste goretex, la doudoune (veste très chaude en plumes) est ici bien nécessaire. Et malgré les chaufferettes dans les chaussures, également petite sensation de froid aux pieds.



Une cordée est formée par Sebbe, Gregory et Markus. Une autre cordée est formée par Chantal et Jean-Luc. Le premier de cordée monte avec deux piolets (dont un piolet technique), et les seconds de cordée avec un seul piolet.

L' ascension comporte des longues sections assez raides (de 45 à 65 degrés) et éprouvantes en altitude. Ces pentes abruptes sont entrecoupées de crevasses à contourner. Pas question de s'arrêter pour prendre une petite pause, car il fait trop froid. On continue et on espère que le soleil se montre rapidement pour nous réchauffer.




Pourtant vers 5900m, Gregory est obligé de demander une pause a sa cordée. Ses crampes d'estomac lui paralysent une partie de sa respiration. Après deux minutes de réflexion, il décide de rebrousser chemin. Un entêtement à poursuivre aurait sens doute anéanti les chances d'aller au sommet de toute la cordée. L'état de fatigue dans lequel se trouvait ce pauvre jeune alpiniste ne permettait pas non plus de parcourir le reste de la course en toute sécurité.

Lors de cette montée nocturne, impression très étrange que les étoiles ne sont pas seulement au-dessus de nos têtes, verticalement. On les perçoit aussi latéralement et horizontalement, au même niveau que la montagne. Une sorte de désorientation par rapport aux repères habituels. Ici nous sommes dans la très haute montagne.



Lorsque nous arrivons à l'épaule sommitale (6280m), le jour se lève. Chantal est content d'arriver jusque là mais préfère se reposer ici pour le retour. Un peu de soleil enfin et nous pouvons contempler, dans cette atmosphère d' altitude, les montagnes environnantes et la courbure de l' horizon.




Mais à peine l' horizon s'est-il dégagé en sa vastitude que le brouillard menace déjà de se refermer sur la montagne. Il ne faut pas traîner pour attaquer la magnifique et stupéfiante pyramide sommitale. L'itinéraire tout d'abord sinueux contourne une large crevasse. Puis, après une traversée vers la droite, on gravit un petit mur de glace à 80 degrés sur une dizaine de mètres. On est concentré à 100%, pas droit à l'erreur car un vide impressionnant lorgne en dessous de nous. Et enfin, à présent dans le brouillard, on gravit l'arête finale à 55 degrés jusqu'au sommet du Chopicalqui. Il est 9h30.








Pour la descente jusqu'au camp d' altitude, quelques rappels sur pieux à neige rendent celles-ci plus commode et moins fatigante. Ceci dit, arrivés au camp de base après 12 heures d'escalade, une seule envie pour la plupart : rejoindre quelques heures la chaleur du sac de couchage dans le souvenir encore très présent de la beauté de cette ascension que nous avons tous ressentie comme physiquement assez éprouvante et exigeante. Sebbe et moi sont malade. Impossible de démonter le camp d'altitude dan cet état, nous passeront donc une deuxième nuit à 5600m.

















2 commentaires:

Unknown a dit…

Félicitations à vous tous pour cet exploit. Les photos sont magnifiques et vertigineuses à la limite du réalisable.Nous restons sidérés devant votre audace et votre courage en plus vous avez pris malgré la fatigue et le froid des splendides photos. Nous espérons que vous êtes tous en bonne forme. Que de souvenirs à raconter! M-P et Robert

Anonyme a dit…

Sebbe , bon courage dans ces moments difficiles . In het Nederlands zeggen we "blijven ademen ! " . Bon courage a toutes l'equipe. Vous aves fait des belles photos . Merci pour le commentaire qui nous donnent un apercu de ce que vous voyez. Nous sommes tres fiers de ce que vous realiser . Bien a tous .