Devant l'entrée une dizaine de mineurs trient la matière qui sort des couloirs de la mine, souvent à la main ou avec une pelle. Cette coopérative emploie environ 100 travailleurs. C'est une organisation quasi identique aux entreprises privées. Le directeur prend une part fixe des bénéfices, les responsables d'équipe ont un salaire fixe. Tous les autres gagnent en fonction du résultat du travail. Comme notre guide Freddy le dit, le salaire dépend de la chance. Pour un bon mois ils peuvent gagner jusqu'à 2.000 Bs. (bolivianos), soit 200 €. Si le mois est mauvais, cela peut se réduire à la moitié jusqu'à un cinquième. De cette paie, le chef retient la moitié pour acheter les outils, la dynamite, les vêtements de travail et les feuilles de coca. Pour couper la faim et pour allèger le travail, les mineurs mâchent toute la journée une grosse boule de feuilles de coca.
Le salaire dépend aussi du travail qu'on effectue: les débutants, souvent jeunes, commencent comme pousseur de wagon, qui pèsent chacune 500kg en plus d'une tonne de matière. Il y a ensuite ceux qui remplissent les wagons. Ils remplissent des sacs de 50kg et les sortent à l'aide d'une carriole d'une galerie à l'autre. Ceux qui travaillent au front à l'aide des marteaux piqueurs subissent le plus la poussière et le manque d'oxygène.
Il en va de même du temps de travail, officiellement à 6h par jour, 6 jours semaine. La plupart des mineurs font des heures supplémentaires, pour augmenter la chance, comme disait Freddy. Au plus vite et au plus ils trouvent des vaines exploitables, au plus ils pourront gagner à la fin du mois.
Officiellement donc, la journée commence à 9h et à 12h on fait sauter la dynamite pour reprendre le travail dans les zones attaquées de 14h à 17h. Alors on fait de nouveau sauter la dynamite pour l'équipe suivante qui descend.
Mais beaucoup de mineurs n'arrivent même pas à cette âge là à cause de la silicose, une maladie qui attaque les poumons des mineurs dans le monde entier et qui réduit la capacité respiratoire à 20%. Le travail dans la mine est encore rendu plus difficile à cause du manque d'oxygène à cette altitude. Ceux qui arrivent à l'âge de la pension émigrent à Cochabamba, qui se trouve à seulement 2.500m.
Quand on pose la question sur les accidents de travail, on reçoit peu d'informations. Chaque année, 10 à 12 mineurs meurent dans cette montagne de 2 km de diamètre. Il y a souvent des blessés, surtout aux mains et aux bras, à cause des pierres qui tombent. Mais on ne saura pas le nombre. Nous assistons au forage, qui se fait avec des foreuses hydrauliques et à l'eau, pour évacuer la poussière. Dans la vidéo vous verrez l'explosion de dynamite, qui se fait tous les jours à 12h et à 17h.
Pas loin de la sortie Freddy nous amène dans une galerie abandonnée où se trouve l'oncle, El Tio, chez qui les mineurs apportent régulièrement des offrandes comme des feuilles de cocas, des cigarettes et l'alcool à 96° qu'ils boivent eux-mêmes. Ils boivent l'alcool pur, parce que cela garantira aussi de tomber sur des veines pures. El Tio représente le diable qui habiterait la montagne. Pour l'apaiser on offre souvent un foetus de lama, car « plus de sang lama signifie moins de sang de mineurs ». Comme c'est la coutume lors des offrandes Freddy fait un voeu. Il dit qu'il a trouvé une vaine d'argent il y a quatre ans, le tourisme, et il souhaite encore plus de touristes pour lui rendre, à lui et à sa famille, une vie prospère. Et à nous un bon voyage. Nous souhaitons surtout que les mineurs puissent obtenir de meilleures conditions de travail et un avenir aux jeunes boliviens.
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