dimanche 10 août 2008

La Paz - Evo Morales, le peuple bolivien dit « SI »!

Arriver à La Paz le soir est impressionnant. Du haut du « Mirador », à 40km du centre on aperçoit la ville avec ses milliers de lumières sur les pentes de montagnes. Juste après la frontière les slogans sont partout: « Evo, bien fait », « Pour un lendemain, Evo si! », ... Aucune trace de slogans contestataires. Demain c'est le référendum que le président a lui-même convoqué pour confirmer son mandat, après 2 ans et demi de mandat seulement, ainsi que celui du vice-président et des préfets des provinces.
Evo Morales est élu en décembre 2005 avec 53,7% des voix. Le premier président amerindien (de l'ethnie des Aymaras) dans l'histoire du pays, un dirigeant paysan cocalero.
Pour ceux qui souhaitent connaître les réalisations et les conditions de sa présidence depuis deux ans, voici un excellent article du journaliste belge Michel Collon:
http://www.michelcollon.info/articles.php?dateaccess=2008-08-08%2018:59:58&log=articles
Gilberto Pauwels est un coopérant de Oruro (centre du pays). Il décrit la situation dans le pays, à la veille des élections. Comme il ne l'a pas encore publié sur son blog http://andeskrabbels.blogspot.com/, je le publie dans le message précédent (texte en néerlandais uniquement): http://expedition-bolivar-2008.blogspot.com/2008/08/koorddansen-auteur-gilberto-pauwels.html.



Visite du bureau de vote
Nous sommes venus ici pour vivre le référendum en direct. Ce dimanche 10 août, pas un chat dans les rues. Quelle différence avec les autres jours (voir les deux photos de la rue Montes).

Seules les affiches et inscriptions sur les murs rappellent que tout le pays est attendu aux urnes: tous les hommes et femmes de 18 ans et plus, quelques 4 millions de boliviens.
On peut rentrer au bureau de vote tout près de notre hôtel. Les gens viennent voter avec une grande sérénité. Cela rappelle les élections chez nous, sauf que les gens restent pour discuter. Ici, tous les partis peuvent envoyer des représentants dans les bureaux de vote pour vérifier le respect de la procédure électorale.
Nous parlons avec quelques personnes, beaucoup sont en faveur du président. Seule une dame qui nous aborde en anglais votera contre le président. Elle faisait de la recherche contre la malaria avec des français. Le gouvernement de Morales aurait arrêté le contrat avec les français car ils ont eux-même suffisamment de spécialistes. Pour elle, c'est une dictature indienne. Surprenant qu'elle nous dit cela alors qu'elle peut voter pour l'arrêt du mandat du président. Les belges peuvent en rêver pour le cas désespéré de notre Yves.




L'annonce des résultats
L'après-midi nous avons beaucoup de temps à tuer, c'est pourquoi nous vous avons livré des longs articles sur le blog ;-) Les résultats officiels sont attendus à 20h, mais c'est Alain Mesili, un alpiniste français résidant en Bolivie qui m'annonce la nouvelle: « Evo Morales est élu avec 60%, probablement 62 % quand on aura les résultats officiels! » Même si toutes les personnes avec qui j'ai parlé étaient confiantes, je n'étais pas sûr qu'ils allaient arriver à ce résultat. Il fallait 53% pour continuer. Alain poursuit: « C'est une victoire et une consolidation pour sa politique du changement. C'est une victoire pour tous les peuples indiens sur le continent et même en dehors. Cette élection est suivie de près par les indiens aux Etats Unis. Elle aura une répercussion favorable dans les autres pays comme le Pérou, la Colombie ou le Paraguay. Evo Morales pourra continuer et renforcer la collaboration avec des gens comme Hugo Chavez. Mais il y a aussi une demande de prendre en compte d'autres revendications. Il devra être conciliant avec l'opposition, pour renforcer l'unité du pays. Il y a des gens dans son entourage qui ne sont pas à leur place. Il y a des têtes qui sont tombées parmi les préfets. Mais c'est une victoire car le MAS (parti du président) renforce son soutien de la population. »

La fiesta con Morales, himself
En avant donc pour retrouver l'endroit ou le président viendra remercier le peuple de La Paz. Pas difficile, il suffit de suivre les gens avec le drapeau tricolore bolivien en main. On rencontre un groupe de jeunes argentins venus ici la semaine passée pour aider dans la campagne du MAS. « Evo, evo, evo, ... », « Bolivia, unida, jamas sera vencida », ... de la musique, des drapeaux, des pétards, des sourires.









Et à 21h30 le président monte sur le balcon du parlement. Des remerciements à tous les boliviens qui ont donné leur soutien à la politique de changement. Un appel aussi à prendre en main plus fermement les revendications de la classe ouvrière. Quand il parle de la défaite de l'opposition, la foule clame "mano duro". Mais Morales répond avec un appel pour l'unité du pays, une union aussi entre les différents groupes ethniques et socio-politiques.




Et alors le feu d'artifice.


Et pendant que la musique reprend pour continuer la fête, le nouveau candidat du MAS pour la préfecture de La Paz est porté par la foule. Bientôt il y aura des nouvelles élections pour remplacer le préfet déchu.




Et nous, là-dessus, conscient d'avoir assisté à un événement historique, on va manger un bon hamburguesa con huevos, hmmm!

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